Lorsqu'on prend de l'âge, on devient étranger dans sa propre culture, tellement la culture évolue.
Lorsque j'étudiais la psychologie, on faisait la distinction entre névroses et psychoses. On pouvait parfaitement dite qu'on était "névrosé", et c'était plutôt bien perçu, car les psyhanalystes avaient si bien briefé le grand public sur le fait qu'on peut être quelqu'un de très bien souffrant d'un symptôme névrotique, qu'être névrosé était à peu près devenu synonyme de: "être compliqué mais intéressant, être un peu artiste sur les bords", ou quelque chose de ce genre.
Malheureusement, à l'époque comtemporaine, lorsque je suis enfin en mesure de faire mon coming out de misophone, la distinction entre névrose et psychose a été interdite dans le monde sientifique, et on est obligé de dire qu'on a un "trouble du comportement".
C'est nettement moins valorisant. Lorsqu'on dit cela de soi et qu'on a un contact à autrui qui semble normal au premier abord, on est soupçonné de cacher un problème caractériel qui va exploser et envahir les relations au cours du temps.
Je passe des années à être la plus gentille et la plus agréable possible, et à la fin, quelqu'un me dit: "Mais je me suis bien amusée avec toi!", comme si c'était étonnant, vu mon précédent aveu de "trouble du comportement".
Je comprends fort bien que la psychanalyse ait dégringolé de son pied d'estal et ait été bannie de l'enseignement universitaire, car elle a été impuissante contre ma misophonie, et en plus, des tas de phénomènes psychopathologiques sont étrangers à la distinction entre névrose et psychose. Par exemple... la misophonie elle-même. On peut être normal et misophone, ou psychotique et misophone.
Mais qu'est-ce qui a remplacé la psychanalyse? Rien qui puisse nous aider, au contraire. On n'a pas gagné un remède, et on a perdu une ouverture d'esprit.
"Toute évolution n'est pas un progrès."