Et finalement, pourquoi attendre passivement que les neurobiologistes américains découvrent de quoi nous souffrons? C'est nous qui savons, pas eux.
Par exemple, le rapport entre la misophonie et l'oreille musicale. Eh bien, j'ai toujours une musique ou un rythme à l'intérieur de moi, et je déteste quand quelqu'un chantonne ou bat la sienne pour nous deux, car c'est une intrusion, comme si sa petite musique était meilleure que la mienne et devait la remplacer. Il m'empêche d'exister. Moi, je n'extériorise pas la mienne, alors pourquoi m'impose-t-il la sienne, en croyant que je suis un réceptacle vide pour sa petite médiocrité?
Idem pour les radios en sourdine en permanence dans les endroits communs tels que lieux de travail ou ateliers. On efface ma musique intérieure et on la remplace par l'uniformité de la radio pour tous, alors au bout d'un certain temps, je manque d'énergie et de suite dans les idées et ne n'arrive plus à me concentrer sur le travail que j'ai envie de bien faire.
Ce que je dis là, c'est sûr, c'est de la pure description.
Maintenant, une hypothèse, pas sûre, juste parce que j'aime bien faire des hypothèses et des métaphores. Dans une perspective éthologique, on a peut-être le même le même instinct que certains animaux mâles en rut: le même instinct les porte vers les femelles et la jouissance, et aussi les rend hyper-agressifs contre les mâles rivaux, les intrus dont la jouissance risque d'effacer notre jouissance.
De la même manière, nous avons tendance à faire de toutes nos activités une jouissance: on aime ce qu'on fait et on se débrouille pour faire de nos vocations et passions respectives le centre de notre univers. On n'a pas nécessairement des super-capacités (intellectuelles ou autres), mais on veut développer à fond celles qu'on a. Et on est hyper-agressifs lorsque la jouissance d'autrui empiète sur la nôtre. Comme les mâles en rut qui font le vide autour d'eux pour être seuls avec leur jouissance, on a besoin de se sentir seuls, avec notre plaisir, dans nous notre environnement perceptible.
Ce serait la raison pour laquelle certains d'entre nous arrivent même à se sentir agressés sexuellement par la perception misophonique d'autrui, mais la plupart ne ressentent que l'agressivité.
Sont-ils si supérieurs à nous, ces néurobiologistes américains? Et si l'Amérique était en train de régresser, et que le monde actuel manquait de leadership? N'ont-ils pas abandonné la lune?